De la vigne aux flacons
Depuis la nuit des temps, ou presque, les hommes fabriquent des eaux odorantes avec des végétaux aromatiques, en les distillant à l’aide d’un étrange appareil, décrit dès le quatrième siècle par les savants grecs et arabes... Ce sont eux, d’ailleurs, qui racontent comment les alchimistes font sortir de leur a l'inbïq, « le vase », de mystérieuses substances destinées(déjà !) à préparer des potions cosmétiques, dont le khôl, pour embellir le regard des femmes; ces mêmes a l'inbïq, devenus alambics, qui produiront d’autres potions tout aussi magiques, que l’on nommera, en référence au produit de beauté, alkhôl, « la chose subtile », transformée en alcool...
Comme tous les métiers d’art, la distillation se dit de mots étranges en mots savants, au milieu desquels le néophyte et le visiteur se perdent immanquablement. Ils sont, pourtant, les repères nécessaires pour saisir l’âme du métier, et en comprendre la complexité et les subtilités. Comme une musique de fond, ou la cartographie d’un voyage initiatique, c’est en les écoutant chanter et en les parcourant, comme une exploration, que l’on peut se laisser pénétrer, peut-être, par l’essence même de ces si singulières alchimies.